Le fort de l’îlet est situé au pied de la tour de Tatihou. L’absence d’entretien des joints et l’assaut continu des vagues provoquent la chute des pierres de parement. Des brèches apparaissent sur le pourtour de l’édifice et ne cessent de s’agrandir au gré des tempêtes. Notre association y a mené un premier chantier de restauration du fort de l’îlet par des bénévoles en août 2022. Les bénévoles de LPMH ont alors comblé la brèche principale située sur le rempart Ouest, face au port de Saint-Vaast. Voir images du chantier d’août 2022.
Brèche comblée en août 2022. Reste le parement à compléter après remplacement des gros blocs de granit.
En accord avec le Conservatoire du Littoral, propriétaire, et la DRAC de Normandie, il s’agit en août 2023 de combler les 2 brèches du rempart Est, face au large.
Rempart Est du fort de l’îlet.
Les 2 principales brèches à combler sur le rempart Est.
Pour ce 2e chantier de restauration du fort de l’îlet par des bénévoles, notre association a décidé d’accueillir des bénévoles du réseau REMPART. Quatre d’entre eux sont venus passer toute la semaine à Tatihou. Ils sont hébergés sur place dans une chambre gracieusement mise à disposition par le Département de la Manche dans Les Maisons de Tatihou.
Patrice Berton, bénévole responsable des chantiers de LPMH, apporte au port de Saint-Vaast outils et matériaux nécessaires au chantier : 10 sacs de chaux, 600 kg de sable (Lieusaint et coquillé), bétonnière et groupe électrogène, et de nombreux outils. L’ensemble est transféré dans un véhicule du service technique du Département. Lequel va les apporter à marée basse sur l’île de Tatihou, puis les déposer en tracteur au pied du fort de l’îlet.
L’équipe technique de Tatihou dépose outils et matériaux au pied du fort.
Lors du premier chantier de restauration du fort de l’îlet par des bénévoles organisé par LPMH en août 2022, une quarantaine de pierres de parement avaient été retrouvées. Nous les avions précieusement conservées : elles sont ensablées au pied de la brèche du rempart Ouest. Au début du chantier nous les retirons du sable et les mesurons pour savoir où les ré-employer.
Les pierres de parement mises de côté l’an passé sont retrouvées et ...
…mesurées et classées par dimension.
– – – – – – – – – –
Les joints du fort de l’îlet sont la plupart du temps absents, ce qui entraîne donc la chute des pierres de parement. Ou bien les joints sont hétérogènes, selon l’époque des restaurations. Certains sont même en ciment.
Les joints encore présents sont hétérogènes.
Le représentant de la DRAC de Normandie parle des joints avec Bruno et Patrice Berton.
Nous avons invité un représentant de la DRAC de Normandie à nous rendre visite au début du chantier, notamment pour mettre au point la nature des joints à réaliser au mortier de chaux. C’est à dire déterminer le mélange chaux/sable, la granulométrie dudit sable, la couleur, le type de finition, etc. Il est décidé de pratiquer le même type de joints lissés et légèrement saillants que ceux qui viennent d’être réalisés au fort de la Hougue lors de la restauration complète du bastion sud par l’entreprise Bodin, société locale spécialisée dans la restauration du patrimoine.
Exemples de joints réalisés en 2022 au bastion Sud de la Hougue.
– – – – – – – –
Nous commençons le chantier en dégageant la base de la brèche de gauche du rempart Est. Nous espérons retrouver dans le sable au pied de la brèche des pierres de parement.
Les bénévoles dégagent le bas de la brèche.
Une pierre de parement en granit est retrouvée sur place.
Brèche dégagée.
Il faut 16 pierres taillées de parement pour combler cette brèche. Seules 4 ont été retrouvées dans les 3 m3 de sable déplacés par les bénévoles. Les éléments de parement retrouvés en août 2022 côté Ouest vont heureusement permettre de combler cette brèche. Mais plusieurs vont devoir être retaillés aux bonnes dimensions. En particulier, il manque en partie basse un bloc de granit de 34 cm de haut par 52 cm de large.
Patrice Berton, chef de chantier, retaille aux bonnes dimensions un bloc identifié non loin.
Une fois retaillé, le bloc de granit de 80 kg est peu à peu apporté jusqu’à la brèche.
Derniers ajustements par un bénévole REMPART, avec les conseils du chef de chantier.
Moment de grande satisfaction : le bloc de 80 kg est mis en place.
Un autre bénévole REMPART cale et maçonne le fameux bloc au mortier de chaux.
Après 2 jours à sélectionner les blocs et à les retailler, cette brèche est comblée. Reste à faire les joints.
– – – – – – – – –
La brèche de droite du rempart Est est plus simple à combler : notre association a commandé 12 blocs de granit aux bonnes dimensions à un tailleur de pierre de Valognes, Alexandre Moncuit. La commune de Saint-Vaast a pour partie fourni le matériau. Le coût de la taille du granit est financé grâce à une subvention de la Fondation du Patrimoine de 1.000€ qui souhaite encourager les chantiers de bénévoles.
Brèche de droite.
Ces blocs récemment sciés par le tailleur de pierre ont le défaut d’avoir des arêtes trop nettes. Un bénévole REMPART émousse donc ces arêtes avec gradine et massette. Il boucharde ensuite toutes les faces retaillées pour les rendre rugueuses, ce qui assure une meilleure adhésion du mortier. Les morceaux de granit offert par la ville de Saint-Vaast ont l’avantage d’être anciens et de présenter une face déjà patinée qui se fond dans la maçonnerie du rempart.
Gradine et massette.
Les blocs déjà taillés aux bonnes dimensions trouvent rapidement leur place.
Les joints au démarrage.
Les joints sont achevés : la brèche est comblée.
En continuité, tous les joints de cette arche sont repris.
Les joints sont tous repris à hauteur d’homme.
La brèche de droite Avant / Après.
La brèche de gauche Avant / Après.
Une 3e petite brèche est comblée sur le rempart Est.
Les 4 bénévoles REMPART de la semaine devant leur œuvre, avec le chef de chantier, une bénévole de LPMH et le président de l’association. Deux adolescents déjà présents l’an passé sont venus aider le dernier jour.
En prévision du prochain chantier, deux jeunes bénévoles ensablent les pierres de parement non employées cette année.
Tous les jours, vers 17h ou 18h, après 8h passées sur l’îlet, c’est l’heure de retourner à Tatihou. Selon les jours, des membres de LMPH dotés de bateaux, ou un zodiac de l’école de voile, viennent chercher les bénévoles. Sur cette photo, Olivier Simon, président de l’association Orchis et membre de LPMH, maintient la proue du bateau familial pendant que les bénévoles embarquent.
En fin de journée, c’est l’heure de retourner à Tatihou.
Les services de techniques de Tatihou rapportent nos outils à Saint-Vaast.
Notre modeste chantier vu du ciel. « Nous sommes peu de chose face aux beautés de la Nature. Et au génie constructeur de nos ancêtres ».